Je n’aime pas prendre de photographies. Les machines m’ennuient et me résistent, on se griffe on se pince, parfois on fait la paix et elles se déclenchent dans un gloussement satisfait. Le portable, par exemple, me gratifie
souvent de quelques clichés flous, dont il m’impose le cadrage par la malice de son retardateur.
Quiconque a vu Minority Report rêve du siècle où il suffira de tâter l’air pour qu’apparaisse un écran
virtuel saoulé d’informations obscures de la plus haute importance, capable de nous prévenir qu’un crime imminent se trame dans un quartier proche où il serait bon que l’on se téléportât illico,
avec notre staff de soldats bioniques hyper-entrainés !
Je voudrais être Tom Cruise.
Le film s’arrêterait toutefois au moment où on lui injecte, par le canal lacrymal, des insectes espions chargés de
détecter toute vibration cérébrale susceptible de nuire à l’ennemi. Mais peut-être n’avez-vous pas vu Minority Report et vous inquiétez vous pour l’auteur. Donc.
N’ayant aucune passion
pour la technique photographique, c’est avec un laisser-aller sauvage et amateur que je m’adonne à la captation d’images, vouant un culte inconditionnel aux photographes capables de saisir l’invisible et son envers.
Tout
détour, anomalie, bord-cadre, erreur de focus et floutage intempestif bref, tout détournement me ramène au centre.
La page PhotOrthographies permet d’écrire de cette manière là. Chaque image prise en vol
n’est qu’une impression à développer. Un moyen de transport cybernétique. Un arcane.